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Retour sur la cérémonie de remise de médaille de bronze CNRS à Shuwen ZENG

Publié le 17 décembre 2025 Mis à jour le 17 décembre 2025
Date(s)

le 16 décembre 2025

Vendredi 12 décembre 2025, lors de la cérémonie Talents 2025 du CNRS, animée par Edwige HELMER-LAURENT, Déléguée Régionale du CNRS, Shuwen ZENG a fait briller la recherche de l’UTT en étant récompensée par la médaille de bronze CNRS. La médaille de bronze récompense les premiers travaux consacrant des chercheurs et des chercheuses spécialistes de leur domaine. Cette distinction représente un encouragement du CNRS à poursuivre des recherches bien engagées et déjà fécondes.

Après les prises de parole de Pr Christophe COLLET, Président de l’UTT, Philippe PICHERY, Conseiller départemental de l’Aube et Vice-président du Conseil d’administration de l’UTT, représentant Philippe DALLEMAGNE, Président du Conseil départemental de l’Aube, Jean-Luc DRAGON, Conseiller communautaire Troyes Champagne Métropole, représentant François BAROIN, Président de Troyes Champagne Métropole, Arnaud RAYMOND, Maire de Rosières-près-Troyes, Vanina PAOLI-GAGIN, Sénateur de l’Aube (en vidéo), et Jean THEVES, Délégué Adjoint Régional Académique à la Recherche et à l'Innovation Grand Est, un portrait vidéo de Shuwen ZENG a présenté la jeune chercheuse et ses travaux de recherche. En cette année de l’ingénierie qui a pour vocation de rapprocher l’école, la recherche, les entreprises et le grand public pour valoriser les métiers ainsi que les savoirs scientifiques et technologiques qui dessinent un avenir soutenable et responsable, Christophe COUTEAU, Directeur du Laboratoire Lumière Nanomatériaux et Nanotechnologies (L2n) de l’UTT et Lionel BUCHAILLOT, Directeur de CNRS Ingénierie, ont rappelé l’implication de Shuwen ZENG dans cet événement, notamment à l’occasion de la Fête de la science. Pour eux, Shuwen est la parfaite incarnation de l’année de l’ingénierie.

Dans le prolongement de l’intervention de Jean THEVES, Christophe COUTEAU, directeur du L2n de l’UTT, a rappelé l’engagement de Shuwen ZENG dans la médiation scientifique, notamment lors de la Fête de la science et de la technologie aux côtés de ses doctorants. En écho, Lionel BUCHAILLOT, Directeur de CNRS Ingénierie, a ensuite rappelé l’ambition et la mission du CNRS, "la recherche fondamentale au service de la société", ainsi que l’esprit de l’Année de l’ingénierie 2025-2026, soulignant que Shuwen ZENG en incarne pleinement les valeurs.

S’en est suivi le moment officiel de la remise de la médaille de Bronze à Shuwen ZENG, chargée de recherche CNRS, par Lionel BUCHAILLOT.

Lauréate de cette médaille attribuée pour la 1ère fois dans l’Aube, Shuwen a prononcé un discours emprunt d’émotion et offert une belle leçon de citoyenneté à l’auditoire :

"Tout d'abord, je suis très fière d'être ici et très honorée de recevoir cette médaille de bronze du CNRS. Je suis aussi très intimidée. J’ai l’habitude de parler de mes recherches, d’exposer ou défendre mes travaux auprès de mes collègues scientifiques. Parler de moi devant une telle assemblée est un exercice différent !

Je suis également très fière de travailler dans la recherche française, d'être citoyenne française et chercheuse au CNRS. La culture du CNRS a été une source d'inspiration et un soutien précieux pour mes recherches. La culture française, que j’ai découverte au CINTRA, laboratoire CNRS de Singapour, a aussi joué un grand rôle. C’est pour cela que j’aimerais maintenant rappeler la devise française : Liberté, Égalité, Fraternité.

Et je voudrais commencer par la première valeur : la liberté. Je vais vous dire ce qu’elle représente dans mon parcours.
 
Pour moi, la liberté, c’est pouvoir faire de la recherche fondamentale avec des objectifs ouverts, la possibilité d’expérimenter, et une stabilité qui aide à réfléchir, imaginer et créer. Dans un monde parfois difficile et incertain, cette liberté académique, liberté de travailler et de penser dans un endroit sûr est vraiment précieuse.

Grâce au CNRS, j'ai la possibilité de mener mes recherches en toute liberté et d'assurer la continuité de mes activités de recherche depuis 15 ans. L'environnement du CNRS encourage la collaboration entre tous les chercheurs et ingénieurs, notamment avec nos partenaires européens et internationaux. 

Quand je suis arrivée ici en 2021, j’ai pu commencer mes recherches dans d'excellentes conditions. Le L2n et l'UTT sont des lieux très stimulants pour les jeunes chercheurs. Cela m'a permis d'explorer de nouveaux domaines et de relever de nouveaux défis. Grâce aux compétences différentes de mes collègues et à l'esprit de collaboration, je me suis adaptée très vite et intégrée au laboratoire. J’ai pu installer mes expériences optiques facilement, et travailler sans pression.

Tout cela représente la liberté : la liberté de penser, de chercher, d’explorer et d’innover dans de bonnes conditions.

Je veux maintenant parler de la deuxième valeur importante : l’égalité. J’ai découvert l’égalité dans ma vie de chercheuse, dans la façon de travailler ensemble, au même niveau, entre professeurs, doctorants, étudiants, femmes et hommes. Pour moi, l’égalité, c’est quand chacun peut parler, travailler et avancer de la même façon, avec le même respect.

Lors de ma thèse de doctorat au CINTRA, le premier laboratoire CNRS de Singapour, j'ai eu l'opportunité d'échanger pour la première fois avec des professeurs et des étudiants français, sans le poids hiérarchique. L'atmosphère d'ouverture, les discussions dans les couloirs et les cafétérias étaient simples, directes, et tout le monde pouvait donner son avis. J'ai beaucoup apprécié ces moments d'échanges. Cette façon de parler librement, d’égal à égal, m’a marquée. J'ai beaucoup appris et cela m’a permis d’avoir un premier contact avec la culture française.

Les professeurs, les doctorants et les étudiants de master travaillent ensemble au laboratoire. On résout les problèmes ensemble.

Je me souviens de la fin de mon doctorat. Les directeurs du CINTRA, professeur Dominique Baillargeat et Philippe Coquet, m'ont encouragé à postuler à la bourse postdoctorale Marie Curie de l'UE et à tenter ma chance au concours du CNRS. Pour ma première candidature, en 2016, nous n’avions que dix jours pour déposer un dossier de 20 pages avant la date limite. C’était un vrai défi, mais ils m’ont donné la confiance nécessaire pour le relever. Nous avons travaillé tous ensemble, avec l'aide du bureau des relations internationales de l'Université de Limoges, et nous avons réussi à soumettre notre proposition et à obtenir une note tout à fait honorable : 80 sur 100.

L'année suivante, sans nous décourager et avec l’expérience, nous avons préparé la candidature pendant 3 mois. Nous avons finalement obtenu la note de 93 sur 100, dépassant ainsi le seuil d'admission de 92 ! Donc, un point plus, ça suffit : ) Un bel exemple de réussite collective qui m’a permis de venir en France !

J'ai pu ainsi rejoindre le laboratoire du CNRS en France et établir des collaborations avec des chercheurs d'Allemagne, des États-Unis et de Hong Kong. Ces échanges entre pays et cultures différentes ont renforcé pour moi l’idée que l’égalité est au cœur de la recherche scientifique : chacun apporte sa part et chacun compte.

Dans les laboratoires et les universités françaises, nous travaillons toujours ensemble. Nous partageons nos idées, nous nous aidons, et nous avançons côte à côte. Les tests et les expériences réussissent bien grâce à cet esprit d’équipe dans notre façon de travailler.

Je profite ainsi de ce moment pour remercier Georges Humbert, Philippe Roy, Aurélian Crunteanu, et Stephane Bila du XLIM CNRS pour leur aide dans la préparation de mon dossier de candidature au concours CNRS, ainsi que les auditions. Ils sont des modèles pour moi, d'excellents chercheurs du CNRS, toujours patients et bienveillants, qui partagent leurs expériences de recherche et de vie.

Je voudrais aussi insister sur le fait que dans les laboratoires du CNRS, les femmes et les hommes ont les mêmes droits et les mêmes possibilités. Nous réfléchissons ensemble, nous avançons ensemble, et nous relevons les défis ensemble. Cette égalité réelle, au quotidien, est une force pour la recherche. Cela compte beaucoup pour moi. Je voudrais rendre hommage à ma mère qui a été un modèle pour moi : elle est ingénieure acoustique, elle était la seule femme dans son entreprise ; et elle toujours travaille avec courage et détermination. (même phrase en chinois pour s’adresser à elle)

Après la liberté et l’égalité, je voudrais présenter la troisième valeur de la devise française, qui me tient beaucoup à cœur : la fraternité. Pour moi, la fraternité, c’est tout ce qui nous relie, comme les atomes qui s’assemblent pour créer de nouvelles structures. C’est ma famille, qui m’a toujours accompagnée. Ce sont mes collègues, avec qui je travaille et avance chaque jour. Et ce sont aussi les moments chaleureux partagés autour d’un repas.

Je vis à la française mais j’ai aussi conservé la culture de mon pays d’origine. Pour cette médaille, je tiens aussi à remercier mes parents, présents aujourd'hui, qui m'ont toujours soutenu et encouragé. Tous deux sont ingénieurs, tout comme mes oncles, même mes cousins, au sein d'une grande famille d'ingénieurs. J'ai été sensibilisée à l'ingénierie dès mon plus jeune âge. Cela m'a été très utile pour mes études doctorales et ma carrière de chercheuse. 

J’ai beaucoup parlé de la culture française dans mon discours. J’aimerais partager avec vous un petit morceau de ma culture d’origine, en vous parlant de mon prénom. C’est un autre héritage précieux que mes parents m’ont transmis.
 
Comme vous pouvez le voir derrière moi, mes parents m'ont donné un très beau prénom, Shu-wen. Ces deux caractères chinois expriment leurs meilleurs vœux : ils souhaitent que je sois cultivée (knowledgeable - plein de connaissances) et ouverte à toutes les cultures.

La famille et la fraternité c’est aussi, pour moi, autour d’une table. J’ai d’ailleurs une pensée émue pour ma grand-mère, qui était chef cuisinière. Elle a transmis à toute la famille l’amour de la bonne cuisine. Grâce à elle, j’ai découvert la gastronomie et aujourd’hui, j’aime beaucoup les gourmandises et autres spécialités françaises : le fromage (comté, roquefort…), les vins, les champagnes, les bières locales, et même les andouillettes de Troyes et le boudin noir ! 

Je retrouve cette même fraternité au sein de mon laboratoire, un lieu où l’on travaille sérieusement, mais dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Avec mes collègues et mes étudiants, nous discutons, nous échangeons, nous nous aidons. Un de mes moments favoris de l’année est d’ailleurs la journée L2n des doctorants, PhD days :  ils nous présentent leur recherche, puis nous partageons une raclette pour fêter l’arrivée des Fêtes de fin d’année. C’est un moment gourmand, simple, amical, et très important pour créer des liens forts !

Pour terminer, j’aimerais adresser des remerciements à toutes celles et ceux qui ont cru en moi et qui ont fait que je suis là devant vous aujourd’hui.

Je tiens à remercier la Section 10 Micro et nanotechnologies, photonique et ingénierie du CNRS qui a approuvé et recommandé mes dossiers pour cette médaille. Merci à Lionel Buchaillot Directeur de l'INSIS et Maria-Pilar Bernal Artajona, Directrice adjointe scientifique, pour leur précieux soutien au sein de l’institut et à tous les chercheurs du CNRS dans le domaine de l'ingénierie. 

Je remercie également Christophe Couteau, directeur du L2n. Notre rencontre ne date pas d’hier. Nos premiers échanges ont eu lieu à Singapour. À l'époque, il était professeur invité à Singapour, dans le même laboratoire où j'avais réalisé ma thèse de doctorat.

Merci aussi à tous les collègues et étudiants du L2n et de l'UTT ; grâce à cette ambiance dynamique et conviviale, nous avons obtenu ensemble de nombreux résultats remarquables. Je remercie également la délégation régionale Centre Est (DR06) pour l'organisation de cette cérémonie et l’UTT pour l’accueil de cet événement, avec une pensée pour Laetitia et Delphine qui m’ont aidé à préparer cette cérémonie. Et mon coach de tennis Abel de mon club Tennis club de Troyes, TCT, qui est aussi présent aujourd'hui, la philosophie du tennis et celle de la recherche sont similaires !

Et puisque la fraternité passe souvent par la gastronomie… nous sommes ici au pays du Champagne ! Alors je vous propose de nous retrouver autour d’un verre et de trinquer ensemble."


Après une standing ovation, Thérèse HUET, Adjointe à la Directrice Scientifique Référente pour la Région Grand-Est, a prononcé le discours de clôture de cette cérémonie émouvante.
mise à jour le 17 décembre 2025